Installé en bout de quille, le bulbe assure le redressement des voiliers du Vendée Globe. Mais comment cette énorme pièce métallique est-elle fabriquée. Et à quoi sert-elle ? Enquête dans les coulisses des fournisseurs des IMOCA.
Article de Richard Bameul | Bateaux | 07.12.2020
Le bulbe de quille d’un IMOCA se situe tout en bas du voile de quille, à 4,50 m sous la surface. En effet, la jauge impose un tirant d’eau de 4,50 mètres maximum, ce que tous les architectes exploitent à fond dans le dessin de leur voilier. Sur certaines classes, le bulbe est l’objet de tous les fantasmes, comme il y a quelques années dans la Coupe de l’América, avec des formes très travaillées.
Actuellement sur les IMOCA, leurs formes varient surtout en fonction du poids désiré. Cette ogive, plate sur le fond pour mettre un maximum de poids au plus bas, est arrondie sur les côtés en se terminant à plat sur l’arrière, pour une recherche de la meilleure hydrodynamique. Son matériau est le plomb, avec l’interdiction d’utiliser un autre matériau plus lourd que celui-ci.
Son poids est vraiment gardé secret par les teams. On parle d’une fourchette entre 2500 et 3000 kg (valeur maximum fixée par le règlement). Pour les futurs IMOCA qui participeront à la Ocean Race en équipage, les bulbes n’auront pas le droit de dépasser le poids de 2450 kg.
Ce bulbe garantit la stabilité du bateau en navigation. Plus le vent appuie sur les voiles, plus la quille et son bulbe contre-balance cette force, qui se transforme en puissance pour avancer. Dans les premières années IMOCA, les concurrents étaient équipés de quilles fixes combinées avec des ballasts latéraux pour offrir le couple de rappel le plus important. Plus tard, Il y a eu la création de la quille basculante, pour encore mieux profiter du poids de la quille (et du bulbe) en la basculant au vent.
Nous avons demandé à Rémy Le Roux, responsable service mécanique chez Guelt dont c’est la spécialité. “Pour fabriquer un bulbe, nous faisons fondre un bloc de plomb mélangé avec 2,5 à 3 % d’Antimoine, pour durcir le plomb. Ce bloc est ensuite usiné sur une machine de grande dimension, afin d’obtenir le bulbe fini. Quand l’opération est terminée, nous avons 600 kg de copeaux qui partent au recyclage !”
L’entreprise bien connut du monde de la voile, fut créée en 1978 par Yves Guelt. Dans leur catalogue, on trouve des paliers en titane, des rotules de pieds de mâts, des cales de foils en polyéthylène, mais aussi des lignes robotisées pour l’industrie de l’agroalimentaire. L’entreprise veut se développer à l’international. “Nous avons même livré les plans porteurs de l’AC 75 Ineos, le défi anglais pour la Coupe”, précise Rémy Le Roux.
Sources (articles et photos) : Journal Bateaux – Lien vers l’article